lundi 27 décembre 2010

LES MORTIMER

Madame Mortimer, dont le défunt était black comme elle-même, me faisait gravement observer qu'il n'y a que les veuves, en définitive, qui savent où se trouvent leur mari. Surtout le soir après le bureau. En revanche, elle ne sait jamais où ses enfants sont passés : Arsène, Mérovée, Démosthène, Lothaire et Papagbagbo.
Du vivant de son mari, elle et lui ont participé au concours ''Qui veut gagner le prénom le plus con ?''. Ils n'ont remporté que la médaille de bronze. Parce qu'entre nous soit-dit, sans chercher trop loin, tu peux rencontrer plus con qu'Arsène, Mérovée, Lothaire et compagnie. Genre Nolwen, Madonna, Shakira, M, ou Marie-Ségolène.
Quoiqu'il en soit, les petits Mortimer font dans la résine de cannabis véritable et les contrefaçons de Viagra. Comme pas mal de leurs copains. Entre un grossiste marocain (capable de leur fournir aussi du préservatif halal renouvelable et des sacs Vuitton copies d'Hermès), et une clientèle malbandante et lycéenne. Le jour où ils ont ramené leurs premières BMW à la maison, ils ont dit à leur mère : on a la voiture de fonction. Depuis, elle les croit parlementaires. Sauf qu'elle ne sait pas que les parlementaires, on les oblige, sous la contrainte, à rouler en Citroën.
Je ne cherche pas à discuter avec madame Mortimer : le français n'est pas sa langue maternelle. Elle arrive du Malawi et son mariage a été bénin au Ghana, comme elle dit. Par un sorcier mystagogue (allez ! à vos dicos, bande de profanes !) qui lui avait prédit qu'elle toucherait le salaire unique et les allocations familliales si elle se faisait faire cinq gosses dare-dare et si elle émigrait en France avant que Narine Le Pen arrive à Matignon. Il avait du nez, le sorcier !
Je me demande d'ailleurs où il était aller chercher une chose pareille, pour un type de Bolgatanga, que je l'ai questionnée, à Boniface (c'est madame Mortimer). En africain, évidemment, puique Bolgatanga n'est pas une ville croate. Elle est en haut à gauche, sur la carte, à côté du Gérarmiller. C'est ça, à gauche d'Isabelle Alonso. Encore plus à gauche ! Vous savez, entre nous, c'est plus facile de trouver Bolgatanga sur la carte que de se faire comprendre en non-croate par Boniface Mortimer.
Et c'est là que Boniface soi-même m'a répondu que Mamanaudou, le mystagogue, en plus d'avoir posé nu pour sa fiancée italienne, avait fait l'ENA avec missié Galouzoo de Villepin. Pas moins ! En ajoutant, et missié Galouzoo de Villepin, il est au courant, vu que c'est c'est le cousin germain de Narine. Par son père ou par sa mère, y en a pas savoir Boniface, mais t'as qu'à regarder, patronne, ils se terminent tous pareil dans la famille : par le Pen ! Ah ! le délicieux mesclun !
Moi, voyez, dans ces conditions, je n'insiste pas mais je suis d'accord pour qu'on donne le droit de vote aux étrangers. Parce que je crois qu'on a pas fini de se marrer !
Mais, voyez-vous encore, j'aime ça, les gens nature, comme madame Mortimer. Les grandes filles toutes simples, pour qui la vie n'a rien de compliqué, sauf quand elles doivent inscrire leur fondement dans une Smart. Ah ! vous l'avez remarqué, vous aussi ! Je crois bien que c'est pour ça que leurs enfants préfèrent les BMW. C'est plus large, pour amener le pont-lipoïde de maman à la CAF et au super-marché !
Pour les prénoms, en revanche, c'est quand-même vrai que c'est plus compliqué : la mode, c'est la surenchère. Il faut inventer celui auquel personne n'a encore pensé. Oubliés les Georges et les Lucette. Si tu t'appelles pas Bal-Mosquée, Steeple-Chaise, Domenech-Anelka ou Marie-Française des Jeux, tu tombes de suite dans le mesquin et dans le pauvre. Surtout qu'ils en pincent pour les prénoms composés, les nouveaux-parents. Y a plus que les chiens, mon pauvre, pour s'appelle Xavier !
Aussi j'ai un message à y passer aux jeunes femmes, surtout à celles qui trouveront plus vite le prénom que le père de leur bébé : n'importe comment que vous les appeliez, vos petits, en sortant de la grille du calendrier, vous les plombez pour l'existence. Quelle tête elle aura votre Lorie, dans quarante cinq ans, avec de la moustache et des varices ? Et votre Harry-Potter, quand l'infirmière lui passera le pistolet ? Et votre Marie-Ségolène quand il lui restera qu'à vendre du fromage les jours de promo batave dans les super-marchés ?

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