Mon plus beau 24 décembre, c'est quand-même Bardot, qu'il m'a dit le Père Noël, que j'ai croisé tout à l'heure à la station-service où il faisait vidanger ses rennes.
J'avais deux douzaines de setters anglais à lui livrer de la part d'un type richissime de Dubaï qui tenait à rester voilé. À la Madrague. Dans les années 60. Un endroit genre coquillages et crustacés ... je ne sais pas si vous voyez, qu'il a ajouté. Rien de pompeux. Mais où le plumard sent un peu la crevette, évidemment.
Je devais passer par la cheminée du barbecue pendant qu'elle ferait griller ses brochettes de poivrons, vu qu'elle mène une vie exclusivement végétative ... sans viande. Excepté Sacha Distel et les autres.
Arrivant par la mer, j'avais dû me frayer un chemin à travers une haie de roseaux. Épaisse, la vache! Quand, dans l'instant, je l'ai vue. Nue. De dos. Devant sa grillade. À quelques mètres à peine.
Et je ne sais pas si vous pouvez imaginer, madame Buch, ce que ressent un poivrot, au sortir d'un désert, quand on lui tend une bonne bouteille. C'est exactement ce que j'ai éprouvé ... cette bouteille, tu la tournes, tu la retournes, et de n'importe quel côté que tu la regardes, elle est belle. Et bien, le cul de Bardot, c'est encore plus beau qu'un litron de Haut-Margaux quand tu rentres du Hoggar après trois semaines que tu as pas bu autre chose que la pisse de ton chameau.
C'était si beau que si madame Noël avait été présente, mais je l'avais laissée chez ma mère, je lui aurais demandé d'aller prévenir les pompiers que j'allais tomber en syncope et qu'ils m'envoient le défibrilateur.
C'était si beau, madame Lulu, que je me serais mis à plat-ventre pour l'entreprendre par les chevilles, la Brigitte! À plat-ventre, pour te les lui grignoter, les chevilles, en espérant qu'elle se rende pas compte, tout de suite, qu'elle me faisait tellement bander que j'étais en train d'y ruiner le dallage de sa terrasse.
C'était si beau que j'aurais remonté le long de ses mollets. De la pointe de la langue. Jusqu'au creux des genoux que j'aurais longuement titillés avec la dextérité d'un jongleur chinois. Et la langueur d'une plume d'autruche. Australienne, c'est les meilleures.
De là, aux cuisses, je n'aurais eu qu'une inspiration à prendre. Profonde. Pour me soulever et les badigeonner de toute l'eau qui me venait à la bouche. Et qui commençait à me couler sur la barbe.
Vous vous souvenez du regard de Gabin quand elle les lui offrait, ses cuisses ? En soulevant sa jupette, dans une scène de ''La Vérité''. Ben, moi, en plus, j'avais chopé le strabisme et ça te me filait le glaucome : l'oeil prêt à exploser et le champ visuel strictement réduit à la raie de ses fesses.
Alors, j'aurais pris ses épaules dans mes mains, sans me rapprocher encore tout à fait de ses formes qui évoquaient en même temps pour moi le cul de marbre d'une statue et celui en sucre d'orge d'un bébé. En ne risquant pas qu'elle découvre en si bon chemin combien ma nature pouvait devenir aussi menaçante et aussi vulgaire qu'elle était en cet instant. Je ne sais pas si vous voyez le topo ? Genre la Tour Montparnasse avec deux étages supplémentaires en promo.
J'aurais massé ses clavicules et ses omoplates. Histoire de retarder à plaisir le moment que je m'y serais emparé de ses seins. C'est certain que de là où je me trouvais, je pouvais pas les voir tout à fait. Mais je les connaissais. Je vais quelquefois au ciné, moi aussi, madame Lulu, et de Bardot je connais pas que ''La Vérité''.
Tenez, par exemple, j'ai vu ''Les Amants'' ... dix fois, vingt fois ! Comment dîtes-vous ? ''Les Amants'' c'était pas elle ! C'était Jeanne Moreau ! Et alors, qu'est-ce-que ça prouve ? Moi, pendant le film, j'ai toujours imaginé que c'était Bardot qui y taillait le jacob à Jean-Marc Bory. Parce que, je vais vous dire, madame Lulu, Jeanne Moreau, elle est pas capable de fumer le houka avec cette tenue.
Je savais par quel bout les prendre, tellement ils étaient beaux, les seins de Bardot. Depuis le temps que je me les projetais dans mes rêves.
Je les aurais serrés si fort, mais si délicatement à la fois ... je sais, c'est pas facile à vous le faire comprendre, madame Lulu, mais je me comprends, c'est l'essentiel ... je les aurais serrés si tellement bien, qu'au contact de mes mains, Brigitte se serait cambrée, suffoquée, projetant d'elle-même ses fesses à la rencontre du poème que j'y tenais préparé sous la houppelande. Ouverte comme un fruit à bout de souffle.
Tenez. en plus, voilà que je fais du Godard maintenant ... quand je vous dis que cette fille m'a rendu fou !
Et c'est là que madame Noël est arrivé en gueulant : c'est quoi, cette affaire ? Elle a commandé un fauteuil roulant la Bardot, cette année ! Non, mais, elle nous prend pour la Pharmacie du Progrès !
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