jeudi 13 janvier 2011

RAZZIA SUR LE GNOUF

''Il faut mettre en place un vrai god pénal''. Quelques mots sur un bout de papier que madame Maton m'a discrètement passé alors que nous assistions ensemble, silencieuses, à la dernière projection de ''Razzia sur le gnouf'', avec Jean Gabin. Sauf que Jean Gabin était pas dans la salle, mais sur l'écran évidemment, puisqu'il est décédé en 76.
Et aussitôt après elle m'a glissé une deuxième boulette dans la main : on en parle à la sortie, qu'elle avait cette fois marqué dedans. C'est vous dire s'il me tardait que le film se termine.
Avec madame Maton, on ne communique plus que par écrit pendant les séances de ciné, depuis qu'ils demandent qu'on éteigne les portables. Remarquez qu'ils n'ont pas tort, rapport qu'avant on perdait la moitié de l'histoire rien qu'à s'envoyer des s.m.s.
Sans compter le temps que ça prenait pour se passer les m.m.s quand on photographiait séparément le râble de Vincent Pérez. Vu que deux femmes ne voient jamais les fesses d'un acteur de la même manière. Surtout celles de Vincent Pérez ! Et qu'on voulait comparer nos perceptions individuelles de la nudité masculine, quand elle est Une, mais bi-hémisphérique. Au sens le plus large du terme, vous l'aurez compris, comme le recommande d'ailleurs durablement Germaine Tronchesec, dans son traité d'anatomie-parapsychologique, ''Collez-y au train, mais bouchez-vous le nez dès qu'un wagon se détache". Celà dit pour mes sources.
Alors, dès qu'on s'est retrouvé au Mac'Do, où eux, ils demandent d'éteindre que le microscope, des fois qu'on regarderait combien y a de graisse ré-activée de phoque sodomisé sur les frites, elle a attaqué sur le god pénal, entre deux gorgées de son chocolat chaud.
Madame Maton s'envoie jusqu'à quatre bols de chocolats chauds dans l'après-midi. Pour se resserrer les tripes vu que de ce côté, elle serait un peu lâche qu'elle dit. En ajoutant que c'est sa propre contribution à la préservation de la forêt : quand vous avez des selles sèches, vous gâtez moins de papier.
Ces considérations mises à part, elle a foncé : vous avez vu cette histoire ? Ce directeur de prison et cette détenue ! Mais où va-t-on, madame Lulu ? D'abord, du point de vue de l'éthique professionnelle, c'est énorme, non ? Genre le poisonnier qui se taperait une morue, l'évêque qui pisserait dans le bénitier ou l'ostréiculteur qui enfilerait des perles. Il faut que ça cesse ! Non ? À votre avis ?
Et puis, cette jeune femme, dîtes, dans les vingt et quelques, vous imaginez sa souffrance : enfermée pour neuf ans. Neuf ans, madame Lulu, sans que le juge y ait prescrit la ceinture de chasteté ! Parce qu'entre-nous, si que vous enfermez une femme pour si longtemps, vous y foutez pas que la condamnation de série, vous y donnez les options. Et c'est là, madame Lulu, que je dis qu'il faut mette en place un vrai god pénal. Que les personnes passibles d'emprisonnement continuent de mener une vie sentimentale normale. Sans avoir besoin de débaucher le directeur, le gardien, l'accompagnement psychologique, l'avocat ou la co-détenue. Surtout que, dîtes, quand-même, quand on y pense, ils font rien, en prison, pour vous la calmer la libido : moi, voyez, habituée comme je suis, avec monsieur Maton, rien que de voir un lit à barreaux et des menottes ... enfin, vous voyez ce que je veux dire.
Sauf que, dans cette affaire, voyez, madame Lulu, étant donnée la gravité des charges qui pèsent contre cette fille du gang des barbares, j'aurais pas fait preuve de tendresse, sans manquer d'humanité. J'y aurais dit : ah, tu voulais en casser du petit juif, et ben on va t'en foutre une douzaine dans la cellule, des gros, qui vont te le faire fumer le kibboutz. Et vous verriez qu'elle serait pas allée chercher le directeur, ni son secrétaire ni même le verrier !
Des salopes comme ça, madame Lulu, ça me donne la gerbe ! Pas vous ? Heureusement qu'il y a des femmes de coeur, sur terre, comme nous. Continentes et sérieuses. Et futées. Oui, bien futées, parfaitement, madame Lulu ! Vous voyez mon frigo américain dans la cuisine, et bien, c'est la seule fois que j'ai trompé monsieur Maton ... avec le directeur de Darty.
Que voulez-vous, madame Lulu, j'ai jamais eu la chance d'aller en prison, moi !

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