Dans l'actualité, voyez-vous, il faut savoir se contenter de ce qu'on a : ce matin, par exemple, la perspective des départs anticipés de Bernard Thibault et d'Hosni Moubarak. Je peux pas dire que ça me fasse pleurer. Mais en même temps ça m'agace, vu qu'en deux semaines, ça va faire deux fois que je dois changer la déco de mes cabinets. Heureusement que j'ai Boniface pour me tenir l'échelle, quand je descends les portraits de tout ce monde, au fur et à mesure qu'ils se font la paire.
Les cabinets, c'est ce qu'on fait de mieux, en effet, pour vivre un moment, chaque jour, concentré sur l'actualité. Une actualité qui déclenche 9 fois sur 10 l'autre ... processus. Personne vient t'embêter. À condition, bien sûr, comme elle dit, Boniface, que ton mari et toi vous ayez bien programmé vos horloges à caca, pour qu'il n'y ait pas de chevauchement possible. Comme quoi l'idéal ce serait lui qui passerait en revue les journaux du matin, entre 6h et 6h30, pas plus, et toi ceux du soir, autour de 21h. De sorte qu'en ayant terminé, chacun puisse faire la revue de presse à l'autre. Et entre temps, ça donne de la marge pour l'aération de la pièce. Tu as même plus besoin de mettre en marche ton tire-pets.
Sauf qu'elle oublie, Boniface, que chez nous, Georges, ne lit que France-Football et que je ne peux pas attendre après lui pour me mettre à flot. Et que passées 21h, il m'effeuille le Play-Boy, évidemment ... je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire. Ah ! si vous en êtes encore là, qu'elle me dit, Boniface, c'est sûr que tu avanceras pas beaucoup, ma pauvre.
En définitive, mon idée des portraits des uns et des autres dans les cabinets, ça me permet d'avoir toujours sous les yeux l'organigramme de la planète, que je sâche, au moins, que les Maldives ont un président qui s'intitule Maumoon Abdul Gayoom, ça vous en bouche un (petit) coin, non, au cas où il me faudrait en parler. Avec madame Dos-Santos, par exemple, qui est née par là-bas, en Angola, du côté de St-Pierre et Mickey-Long, ou quelque-chose d'approchant.
Et c'est là que Boniface a commencé à m'intéresser. Mais vraiment énorme. Cette femme a des intuitions fulgurantes. Avec monsieur Mortimer, son mari, que je ne lui ai jamais vu casser trois pattes à un canard, par exemple, à celui-là, je suis persuadée qu'elle va révolutionner la planète. La planète Tampax. Ils ont mis la main sur le concept du siècle, rapport aux femmes qui consomment, par essence, comme on dit évidemment, beaucoup de tampons périodiques : le tampon périodique, mais avec périodique intégré, cette fois.
Et c'est là que réside toute la subtilité de leur invention : un magazine sera directement imprimé sur le tampon et tu pourras en prendre connaissance chaque fois que tu vas manipuler ce dernier. En plus que l'appellation tampon périodique sera désormais justifiée et labellisée, bien entendu.
Imaginez un peu, qu'elle a anticipé, madame Leborgne, des lunettes Hallyday, que je vous ai déjà causé : c'est les pharmacies qui vendraient la presse ! Bonjour, madame Potard, ce matin, je prendrai ''Maison et Jardin'' pour moi, comme le mois dernier, et vous me donnerez ''La Semaine de Suzette'' pour ma petite Vanessa. Dîtes, ça sera pas trop fort, non, ''La Semaine de Suzette'', pour une première utilisation ? Ah ! et j'allais oublier, mettez-moi aussi ''La Semaine de Rocco'', pour monsieur Leborgne ... Pour monsieur Leborgne ... oups !!! Non, non, c'est pas ce que vous pensez, madame Potard. Je le feuilletterai personnellement et j'y raconterai les photos. Pour pas qu'il se sente discriminé.
Heureusement qu'il trouve encore Auto-Plus tiré à l'ancienne, chez son marchand de journaux, dîtes, madame Leborgne, que j'y ai fait en gag !
Ah ! que oui, madame Lulu, parce que vous savez ce que c'est les hommes ... au lit ! Tous des quatre temps : admission, compression, combustion, échappement ! Et il vaut mieux qu'ils s'entretiennent leurs connaissances mécaniques pour réparer eux-mêmes en cas de panne. Parce qu'à monsieur Leborgne, figurez-vous, j'ai jamais été capable d'y soulever le capot.
Pas étonnant, qu'elle m'a dit, Boniface, dès que l'autre a eu touné le dos : Leborgne, il est juif ! Alors, le capot, même en cherchant bien, elle l'aurait probablement pas trouvé !
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