jeudi 20 janvier 2011

LA HADJAMA

''Meufs sans Frontières'' (''Love Unlimited'' en anglais), vous connaissez ? C'est le club social que madame Boniface Mortimer et madame Ben-Foutuh ont fondé pour permettre aux femmes des sociétés sub-sahariennes de s'épanouir ailleurs que dans le triangle restreint qui va de la fécondation à la fécondation, en passant par une petite pipe de temps à autre.
J'ai sympathisé tout de suite, rapport qu'on a des rencontres, des symposiums et des tables rondes où qu'on parle pas seulement comme quoi les hommes nous bousillent les soirées avec les matchs de l'O.M à la télé, mais aussi du dimensionnement stochastique de la base de leur construction organique ... comme quoi encore, par exemple, c'est monsieur Mortimer qui a la plus grande.
En plus, Mortimer et Ben-Foutuh, elles invitent des personnalités. À des battres. Oui, parfaitement, à des battres. C'est comme ça qu'on appelle les réunions où que la personnalité X ou Y répond aux questions que tu lui poses autour d'un sujet que tu mets sur la table. Au milieu d'assiettes de loukoums et de timbales cachères de sauvignon halal, en ce qui nous concerne, vu qu'un sauvignon sifflé selon les rites, c'est quand-même quelque-chose.
Moi, en plus, comme c'est encore fumeur, mais pas pour longtemps, je m'en roule une ou deux avec de la pas mauvaise du tout que madame Momo nous ramène tous les ans du Maroc.
Hier, par exemple, rapport aux évènements, on a eu la journaliste Monique Tamère, de la chaîne Al-Jazeera, qui est blonde par sa mère mais tunisienne côté paternel pour cause de vacances de sa doche à Djerba, et qui est venu nous parler, précisément du rôle de ''la Hadjama'' au sommet d'un état.
''La Hadjama'', dans la langue de Ben-Ali (à condition qu'il te l'ait pas coupée, bien sûr) c'est ''La Coiffeuse''.
En effet, sa meuf, à Zine-el-Abidine, elle faisait dans la frisette, avant de s'auto-proclamer un beau matin corporate-banking. Je lourde le salon qu'elle lui a annoncé à son mari, tu me boucles (elle parlait encore en coiffeuse à ce moment là) le Crédit Général, la Société Lyonnaise et la Tarneaud et j'ouvre la banque tunisienne unique, l'Ali-Babaparibas. Directeur, mon frère, sous-directeur, mon frère, fondé de pouvoirs, mon neveu, DRH mon neveu, ainsi de suite, tant qu'elle a eu de la parenté.
Alors ça, ça m'en a bouché un coin, vu que connaissant bien la petite Jennifer qui me fait le brushing, chez madame Dos-Santos, mon Institut Capillaire, le niveau coiffeuse c'est pas quand-même ni Kerviel ni Lehman-Brothers. Remarquez que s'intituler Institut Capillaire de la part de madame Dos-Santos c'est quand-même autant gonflé.
La coiffeuse de Tunis, donc, elle a laché les bigoudis, mais sans jamais abandonner tout à fait le métier, puisqu'elle s'est mise à faire dans la tonsure. Institutionnelle.
Mais ce qui est plus embêtant, qu'elle a regretté, Monique Tamère, c'est que tout le monde le savait mais personne disait rien. Dans un sens, je m'y suis penché sur l'oreille à Boniface Mortimer, c'est vrai que ta coiffeuse et toi, tu a pas de secret proprement dit. Mais ce qui est incompréhensible, quand-même, c'est que jamais aucun journal en ait parlé en détail avant que ça pète. Parce que je veux bien croire que les reporters tunisiens on y avait mis le baillon, mais les autres, à l'extérieur, les français, qui nous font chier à longueur d'année avec leur devoir d'informer le monde et leur liberté de la presse, vous en avez jamais entendu un seul qui l'ait racontée cette affaire ? Que la hadjama c'était Cruella puissance dix ! Dîtes, alors, on aurait pas le droit de savoir, ou c'est que Sarko il y scotche le bec, lui-aussi, à la presse ?
Et oui, au lieu de ça, on te nous gonfle avec que la fiancée de Ribéry elle en kiffe pour l'embrocation siamoise et que Johnny a monté la société Mamour pour faire plaisir à Mamour qui pose à poil dans la piscine. Qu'entre nous, on en a rien à braire que Johnny ait une piscine !
Dîtes-donc, madame Monique, que je l'ai interpelée, à madame Tamère : à votre avis, ça aurait pas été normal qu'avant que le Mitterrand, le Chirac ou le Sarko ils aillent y faire les courbettes au Ben-Ali, on en sâche un peu plus sur la famille, que juste lire que la Tunisie progresse peu à peu sur le chemin des droits de l'homme et de la démocratie ?
Vu, madame Tamère, que, pendant qu'ils vont parler comme d'habitude football et gonzesses avec leur homologue, c'est quand-même la coiffée, Maman et Édith Piaf, qui vont prendre le thé avec la hadjama. Et que, mine de rien, tu cours le risque qu'elle les contaminerait.
À ce train, dîtes, pourvu qu'elle y a pas foutu dans l'idée, la hadjama, à Maria Callas, de prendre la majorité chez Warner-Music, d'exproprier le Stade de France et de foutre Brigitte Fontaine et Mylène Farmer au gnouf ! Ce serait pas bien démocratique tout ça !

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