vendredi 6 mai 2011

ET UN GLOBAL-DRINK ... UN !

Elle est arrivée comme d'habitude. Tellement chique et maniérée, avec son débardeur gothique marqué "On a tous quelque-chose de Marylin Manson", et ses jeans Kiabi lacérés aux ciseaux véritables, qu'on a eu soudain l'impression d'être nues, Boniface et moi.

Elle, c'est Alexangras Rousenfeld. "Miss Jumelage Bouzigues-Fukuoka".

Bouzigues c'est un village d'ostréiculteurs au bord de l'Étang de Thau dans le 34, Fukukoa une grande ville du Japon, dans le 7,7 sur l'échelle de Richter, et Alexangras, avec son jean et son beau débardeur, c'est un Q.I de pas grand-chose sur son 31 !

Le jumelage, lui, c'est rapport aux huîtres. Perlières. Ne riez pas, les huîtres développent des perles, intrinsèquement ... et elles en laissent échapper, une ou plusieurs, parfois, dans leur milieu naturel. Oui, les huîtres sont comme vous et moi ... elles pètent !

Donc, Alexangras est arrivée, impériale ... comme un pâté chinois, je peux pas mieux vous dire. Distinguée, ongles laqués. Mince, of course, avec un prénom pareil, et puis, toute en cheveux. Ah ! ses cheveux ... merveilleux ! Tellement qu'un jour j'ai pas pu m'empêcher de m'y exclamer : si tes rallonges étaient pas si fausses, on pourrait croire qu'elles sont vraies !

Elle s'est immédiatement installée jambes croisées sur mon Clic-Clac et elle a sorti sa pipe d'un geste théâtral, genre Le Cidre quand il tire son glaive pour tuer le père de Chimène Badi. Et quand elle a eu inspiré la première bouffée, elle s'est étirée, a poussé un petit cri de souris ... tu vois pas qu'elle a soif, que j'ai été obligée de l'interpeler à Boniface. Et l'autre y a demandé : c'est y quoi que vous prendriez, ma chatte ?

Un global-drink quelconque qu'elle a aussitôt répondu en se tortillant sur les coussins comme une escavène de Neuilly qui vient de se faire fraîchement enfiler par un hameçon de l'Estaque. Un global-drink, qu'elle a insisté ! Mais d'une façon tellement bizarre et affectée, avec les yeux ronds comme débiles, qu'un moment, j'ai cru que c'était de l'opium qu'elle s'était parfumée.

Dis, entre parenthèse, c'est quoi, cette pipe, qu'elle m'a murmuré discrètement au passage, Boniface, en s'éloignant vers le frigo ? Elles sont toutes plus ou moins accro à la pipe, les miss, mais, motus, je t'expliquerait demain que j'y ai imperceptiblulé, en ventriloquant, pour pas que l'autre m'entende. Et, un ton plus haut : pressez, pressez, madame Boniface ... vous voyez bien que notre amie s'impatiente ! Apportez-nous bien vite son glo ... enfin, euh ... ce qu'elle a demandé  !

Et nous avons alors entendu la voix de Boniface, venant des profondeurs de la cuisine : j'ai trouvé le global, qu'elle a hurlé, mais qu'est-ce-que je fais des poissons rouges ?            

Si je vous raconte cette histoire qui n'a ni queue ni tête, sauf une queue de poisson en guise de chute, c'est pour vous mettre en garde.
Car votre petit café, votre tasse de thé, votre verre de lait, votre jus de fruit, le Coca-Cola des pas dégoûtés ... tout ça, c'est du global-drink, désormais. Des boissons mondiales, si vous préférez. C'est hélas la dernière expression vocabulaire à la mode.
La première cliente de cette AOC inédite ne pouvait être, vous en conviendrez, qu'une lumière ordinaire de Rococo de Fontenay !
Nous, on en restera au pastis, pas vrai, Boniface !!!

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