Vous savez combien je parais jeune et belle, en dehors d'être un pur cerveau. Mais il m'arrive cependant d'avoir des problèmes dentaires d'un autre âge.
Genre le bridge du devant qui fait la malle quand le caramel mou que je suis en train de mastiquer lui dispute une couronne. Nobody perfect.
Et toujours un vendredi soir, bien entendu, vu que les caramels mous sont assez vicieux pour savoir que les dentistes sont tous, à ce moment là, en route pour leur w.end à Ibiza.
Car, bien sûr, tous les dentistes ont une villa à Ibiza et un jet privé pour s'y rendre. Sans quoi ils ne seraient pas des dentistes, mais des pauvres.
Ces considérations socio-économiques mises à part, mon bridge m'a dit ciao vendredi soir, et comme je ne me voyais pas attendre mardi matin pour le refaire scotcher - mon dentiste préféré prend aussi le lundi pour récupérer de son dimanche à faire du slip-on, en Paul Smith, chez Guetta - j'ai pris rendez-vous chez son premier confrère disponible.
Je me suis donc assise dans sa salle d'attente. Dans la posture qui me sied : jeune et suggestive. Comme une gamine qui ne viendrait que pour se faire délivrer de cette affaire en fil de fer barbelé qu'on leur colle à toutes dans la gueule. Vu qu'il faut finir de payer le creusement de la deuxième piscine à Ibiza, évidemment.
Sur la table basse, la Fly de la promo à 7 euros 99 - les dentistes ne mettent jamais plus dans l'achat de ce genre de meuble d'appoint - j'ai assez rapidement repéré un Télé Z délabré de 1989, une pièce unique, et le catalogue Picard des fêtes de Noël 2004 ! Je n'étais pas née ...
Heureusement que le diplôme du praticien était accroché sur le mur pour distraire les sinistrés du dentier, sans quoi je serais morte.
Son patronyme y était inscrit, bien sûr, et je me suis soudain souvenu d'un grand blond portant ce nom. Il était dans ma classe au lycée, quelques 40 ans plus tôt, et je me suis posé une question : était-ce lui pour qui j'avais eu quelques bontés à l'époque ? Ben oui, quoi, on n'est pas toujours maîtresse de soi quand la pion regarde ailleurs ! On le devient forcément d'un autre !
Quand je suis entrée dans son cabinet, j'ai immédiatement écarté cette drôle de pensée de ma tête. Ce veau grisonnant, dégarni et ridé jusqu'à l'os était bien trop âgé pour avoir été mon amant à l'époque. Quoique ...
Aussi, après qu'il eut fini de fourrager dans ma bouche, je lui ai demandé s'il avait été élève à Henri IV :
- Oui, m'a-t-il répondu.
- Quand avez-vous eu votre bac ? ai-je questionné.
- 1976 ... pourquoi me demandez-vous ça ?
- Alors, vous êtiez dans ma classe, me suis-je exclamée !
Et savez-vous ce que ce monstre, cet affreux vieillard, cet atrophié, ce résidu de glande séminale m'a demandé :
- Vous étiez prof de quoi ?
Alors, je vais vous dire : fini les dentistes ! Moi, dorénavant, je n'irai plus que chez les dontistes. Et orthodoxes, avec ça ! Ben, oui, quoi ? Les orthodontistes. J'espère qu'ils seront mieux élevés que cet enfoiré là !
Je te rassure, Lulu, les orthodontistes savent aussi bien compter les piscines que les dentistes ;)
RépondreSupprimerIsaxx